République Islamique de Mauritanie - décembre 2009

Les différentes actions prévues en Mauritanie depuis notre travail de décembre 2008 se sont déroulées correctement. L’importation de 9400 livres – la plus importante distribution depuis l’Indépendance de ce pays - et d’ordinateurs a été suivie par une vaste mobilisation de nos partenaires. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la présence du livre en français qui s’en trouve modifiée par la volonté des Mauritaniens. Comment vont réagir les adeptes du moindre effort, ceux qui répètent depuis des décennies que l’arabisation d’une population qui garde son héritage culturel de nomades rend vaine les tentatives de mieux diffuser le livre français ?

En raison d’une grève portuaire, les livres ne sont arrivés que le 30 novembre mais ils ont été immédiatement dédouanés par un ami, éminente personnalité, et en partie retirés par le CCF, l’autre partie étant destinée à des dotations à deux lycées par Solidarité Education en Afrique-SEA-Evry et à des associations.
Je suis arrivé le 3 décembre et Ibrahima Diawadoh, Président de SEA-Evry, le 5 décembre, venu remettre 700 livres, des ordinateurs et des imprimantes au lycée de garçons de Nouakchott, un don semblable étant fait au lycée de Rosso. Une cérémonie officielle de remise a été présidée par le Ministre de l’Education nationale en présence de personnalités qualifiées et retransmise par la télévision. SEA a aussi effectué des dons à l’association des Jeunes de la mairie de Sebkha à Nouakchott, aux Jardins d’enfants du quartier Mouna, à l’association de lutte contre l’immigration, à l’association contre le viol des enfants et l’abus sexuel.
Le Français en Partage a commencé la mise en place de la bibliothèque du RPC, une organisation humaniste pour la promotion de la Citoyenneté qui regroupe trois réseaux et seize associations.

La situation du livre français en Mauritanie était lamentable. Dans le quartier central où se retrouve les étrangers, les compagnies aériennes, notre ambassade, deux librairies – maisons de la presse se distinguent par une offre squelettique, moins de 500 titres pour l’une, moins de 300 pour l’autre qui a surtout des rayons en arabe et de la place vide, même pas de livres universitaires, etc. Pas d’autre commentaire, ce n’est pas le seul pays où perdure la carence française. Nous avons pu organiser au CCF une belle foire du livre, prolongée à l’université, qui a connu un grand succès.

Le Directeur du CCF, Philippe Debrion, a bien fait les choses : de larges plateaux ont permis de présenter tous les thèmes que l’on trouve en librairie générale et universitaire. Des centaines d’affiches dans la ville. Du 6 au 11, plus de 10000 visiteurs, 5000 livres à des professeurs, directeurs d’écoles, médecins, juristes, et bien entendu étudiants et ribambelles d’enfants et de mamans en tenues locales, férues de littérature. Splendide démenti aux âneries : il y a des lecteurs et des lectrices en Mauritanie. Comme nous avons fait la liaison avec un libraire proposant des livres islamiques et scientifiques en arabe, compétent mais ignoré car hors du circuit bcbg, nous lui avons confié un stock de1800 livres à la fin de la foire, afin de la prolonger. Il ya maintenant un libraire achalandée ! Passons sur les détails, sur les demandes des écoles, sur les demandes très spécialisées non satisfaites, le potentiel est évident et la nécessité sera d’élargir largement. La gentillesse du public et ma fierté de la stupeur souvent exprimée devant l’offre ont compensé le premier fruit de mes manutentions : un pénible lumbago qui m’a accompagné durant ces dix jours en Mauritanie.
La vingtaine d’associations, la centaine de personnalités qui ont manifesté leurs soutiens et leur amitié à notre cause, l’efficacité du CCF, laissent bien augurer du Partage des Savoirs en Mauritanie.

Denys Ferrando-Durfort, Président